Girlfriend on Mars – Deborah Willis

Couverture de la version française du livre Grilfriend on Mars de Deborah Willis. On y voit un homme dans une cabine téléphonique, la nuit. La cabine est reliée à une antenne braquée vers le ciel, en forme de coeur

Girlfriend on Mars est une fiction mais aurait pu ne pas l’être. La référence au projet avorté Mars One qui avait bien fait rire à l’époque n’est pas énoncée clairement mais il y a de fortes chances pour qu’il soit à l’origine du livre. Du coup, bon, j’ai commencé le bouquin en m’attendant à une lecture légère et à me payer une bonne tranche de rigolade.

C’est plus ou moins ce qui se passe. Du moins, sur une partie du livre. Évidemment qu’on va se farcir des références à Elon Musk (il est même dans les citations de début de bouquin) et des coulisses de télé-réalité absurdes voire abjects. Là où j’ai été agréablement surprise, c’est que le bouquin va plus loin que ça.
Girlfriend on Mars comporte deux POV : celui d’Amber, candidate à l’émission MarsNow™, télé-réalité destinée à sélectionner le premier couple à coloniser Mars, et celui de Kevin, petit-ami d’Amber, ou ex-petit-ami, il sait pas trop parce que bon, si sa copine gagne un aller simple pour Mars, la relation à distance va être *un peu* compliquée.
Kevin est un mec plutôt pépère. Lui, son rêve, c’était de continuer à cultiver son herbe dans son appart surchauffé avec sa copine et de binge-watcher des séries sur le Voyageur – son canap’ quoi. Kevin est paumé, apathique, et totalement dépendant de sa copine. Amber, elle, est plus dynamique, plus révoltée. Consciente de la catastrophe climatique vers laquelle la Terre se dirige tout droit, elle a tendance à un peu plus se bouger, tente d’avoir une vie plus écolo. Amber est intelligente, pleine de bonne volonté et d’idéaux, et la possibilité d’aller sur Mars pour créer un nouvel Éden (elle a plein de théories sur la meilleure façon de rendre la planète vivable, d’y cultiver des plantes) et laisser tout ce merdier derrière elle est une occasion qu’elle veut saisir.

Le bouquin est drôle et dénonce sévère : les coulisses de l’émission sont absurdes (et pourtant tellement réalistes !), on pointe du doigt l’hypocrisie de certains comportements, la connerie des gens très très riches qui font des trucs de gens très très riches. Le casting de MarsNow™ est hétéroclite comme il faut, certains marrants, certains détestables, Deborah Willis est plutôt douée pour créer des personnages bien marqués en deux phrases, et c’est très cool.
Pourtant, je ressors de cette lecture avec une grosse mélancolie.Kevin, disons le clairement, fait pitié. Son agoraphobie croissante, ses relations foireuses avec les quelques personnes qui viennent le voir, son imagination et ses mensonges de plus en plus proches du délire, sa dépendance totale à Amber et à leurs « bébés » (leur herbe quoi) et sa lente descente aux Enfers à mesure que sa copine s’élève a quelque chose à la fois d’absurde et de très triste.
Amber n’est pas en reste, parce que les personnages qui croient dur comme fer à leurs convictions et qui ont toutes les chances de voir leurs espoirs méchamment balayés m’ont toujours touchée. D’autant plus qu’il s’agit ici de convictions écologiques, de la tentative de foutre le camp de ce merdier, ce qui me parle beaucoup à titre personnel1. La dernière partie du bouquin, soit dit en passant, est franchement terrible et mériterait une poignée de TW.

Alors, peut-être que j’ai pris Girlfriend on Mars trop au sérieux, mais c’était « pop et acidulé » comme le clame la quatrième de couv’, marrant certes, touchant surtout, c’était cool, ça m’a beaucoup plu, c’est tout ce que j’en demandais, et je le recommande chaudement.

  1. Voir aussi la BD La brute et le divin sur le même sujet ↩︎

1 Comment

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J’ai déjà croisé ce titre sur la blogosphère, il faudra que je finisse par le lire…
Le « Pitch » tel que décrit me ferait songer au livre d’Anneliese Mackintosh, « Les femmes ne viennent pas de Mars, mais elles y vont », que j’avais lu dans le cadre de mon premier « challenge de la planète mars »… mais aussi et surtout aux cinq tomes de Phobos (de Victor Dixen), que j’ai lus et qu’il faut que je chronique pour le « challenge marsien » actuellement en cours!
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

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