Rose House – Arkady Martine

Arkady Martine est surtout connue pour le diptyque Teixcalaan sorti l’an dernier en VF et qui prend la poussière dans ma PAL. Impossible donc de faire une comparaison sur ce point. J’aurais préféré pouvoir le faire, honnêtement, mais bon, une novella, qui cause IA et meurtre mystérieux (et ça n’a rien à voir avec Alfie, au cas où vous vous poseriez la question, parce que plein de gens me l’ont posée. Ce à quoi j’ai répondu invariablement : « Alfie était drôle, Rose/House ne l’est pas), c’était beaucoup trop tentant.

Rose/house se déroule dans un futur plutôt proche, et se déroule essentiellement — mais pas que, bye bye le huis clos que j’espérais — dans une maison éponyme. Construite par un architecte de génie — ou complètement taré, ça c’est selon votre statut social —, elle est habitée par une IA hyper évoluée dont on ne devine pas la présence tant ses mécanismes sont planqués dans le décor, ce qui doit être relativement flippant. L’architecte, lui, est mort dans la foulée, son corps repose dans la maison, à laquelle seule une ancienne apprentie de l’architecte a encore accès 5 jours par an. Pourtant, un jour, la police du coin reçoit un appel émanant de l’IA de la maison : celle-ci signale la présence d’un cadavre tout frais, dans une maison pourtant impénétrable…

Si le huis clos n’a donc pas lieu, j’ai quand même beaucoup aimé l’ambiance que dégage l’histoire. Surtout pour cette maison, avec cette voix désincarnée qui sort de nulle part, dont on ignore jusqu’où elle croit ou pense ce qu’elle dit, ou même si elle pense tout court… La maison est un bordel architectural relativement flippant, avec des couloirs de l’infini et des pièces bizarrement épurées. Quand la policière Maritza Smith parvient à pénétrer dans la maison, c’est suite à un détournement de langage qui semble convaincre Rose/House — mais est-elle réellement convaincue, ou bien s’amuse-t-elle, si la chose est possible ? Ça ajoute à la tension, c’est franchement bien fichu. Belle ambiance donc, que j’aurais vraiment aimé découvrir davantage.

Mais l’histoire va au-delà, laisse échapper des indices sur le monde extérieur, on nous laisse entrevoir des tensions, des soucis d’accès à l’eau, bref des airs d’effondrement climatique. Sont également au cœur du récit les trafiquants d’art, parce que forcément, l’architecte fou s’est dit que ça serait une bonne idée de laisser tout son boulot croupir dans la maison au lieu de juste le détruire, à croire qu’il n’a jamais entendu parler de Pratchett, ce qui attire forcément des convoitises. Ce n’est honnêtement pas un domaine qui me fait rêver, mais ça s’intègre bien à l’intrigue.

En bref, Rose/House est un court récit qui se lit tout seul. Si j’ai eu un peu l’impression de me faire arnaquer (mais après tout on ne parle de huis clos nulle part dans le résumé), j’ai quand même bien apprécié l’ambiance de cette maison et ce que j’ai entrevu du monde qui l’entoure ; j’aurais juste franchement aimé que le récit soit plus long et étoffé, mais il se suffit à vrai dire largement à lui-même.

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