La Confrérie du Sang, tome 1 : L’ombre des Dieux – John Gwynne

Très enthousiasmée par les dernières parutions de chez Léha – coucou Les Poudremages, coucou Les Terres Bannies – et légèrement forcée par un ursidé peu cultivé, je me suis jetée sur ce tome 1 sorti en septembre avec peut-être un peu trop d’enthousiasme, ce qui laisse souvent place chez moi à une déception.
Est-ce que j’ai été déçue ? Bon sang, non !

L’ombre des Dieux, même si l’on reconnait la patte de l’auteur (et ses barrages de boucliers, il aime bien ça le bougre), s’éloigne un minimum de son prédécesseur, d’abord en terme d’univers (c’est pas le même monde, au cas où vous vous poseriez la question), mais aussi en terme de narration. Le bouquin est beaucoup plus intimiste, on ne multiplie pas les points de vue, on se cantonne à trois personnages, et pour les gens qui comme moi finissent par avoir du mal à replacer certains personnages, ça fait du bien, et c’est moins laborieux à lire.

Dans cet univers d’inspiration nordique où il a l’air de cailler sec, on suivra donc Orka, mère de famille assoiffée de vengeance après une petite baston dans son foyer qui a mal tourné ; Elvar, qui fait partie des Chiens de Guerre, une femme farouchement indépendante et attachée à sa Compagnie qui va se lancer dans une quête mythique ; et enfin Varg, un esclave en fuite qui va se joindre à la Confrérie du Sang dans l’espoir de venger la mort de sa sœur. Trois personnages attachants et faillibles, chacun à leur manière, qui vont évoluer d’une manière que je ne peux décrire sous peine de spoiler allègrement. J’avoue une préférence pour Varg, pour son évolution sur sa façon d’envisager sa vie et le dilemme qui va le poursuivre tout du long. Mais les deux personnages féminins sont terriblement badass, Orka la première, et ce serait mentir de dire que je n’ai pas kiffé l’hémoglobine récurrente lors de ses chapitres. Elvar, peut-être, est ma “moins” préférée, de par son incapacité à voir certaines choses qui me paraissaient évidentes.
Les perso secondaires ne sont pas en reste – les autres membres des deux compagnies, mais aussi les deux enfants qui vont accompagner Orka, pleins d’innocence mais prêts à la briser pour eux aussi trouver la paix à travers la vengeance. Et puis bon, les antagonistes aussi, dont un qui est à la limite de la caricature mais, soyons honnêtes, on adore détester ce genre de personnage non ?

Au-delà d’être un monde extrêmement violent où l’on trouve la mort à chaque coin de rue, l’univers du bouquin est émaillé de mythologie, très influencé par une bataille ayant eu lieu bien auparavant, où des Dieux se sont grosso modo tapé sur la tronche jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucun. Les restes de cette monumentale baston se trouvent un peu partout : dans des artéfacts, des reliques pleines de pouvoirs, et dans les humains eux-mêmes, certains descendants des Dieux en question et étant discriminés pour cela (ce qui ouvre la voix à plein de sous-thèmes abordés et ajoute franchement à la richesse de l’univers). J’ai trouvé très cool, pour une fois, de ne pas me faire balader façon “Mais cette baston de l’enfer est-elle un mythe ou une réalité ? Vous le saurez dans 400 pages !”. Je suis une blasée du faux suspens.

Et puis, malgré les deux John Gwynne déjà dans ma besace, j’avoue ne pas avoir vu venir la fin qui s’est passée à peu près comme ça dans ma tête : “Hey mais quoi ? Mais comment ça ? Mais que ? ET COMMENT ÇA MACHIN EST MORT ?” Il aime bien les fins qui bougent le monsieur, mais je me suis vraiment laissée surprendre, et c’était diantrement cool.

Bref, L’ombre des Dieux, c’était vachement bien. Honnêtement, je le place au-dessus des Terres bannies, que j’avais pourtant bien kiffées, parce que j’ai une préférence pour les récits plus intimistes qui ne partent pas dans tous les sens. Parce que ça touche à des sous-thèmes qui m’intéressent. Parce que les persos sont classes. Ça se lit tout seul sans être rébarbatif, sans trainer en longueur, sans mises en place trop longues de cent pages et sans user de clichés qui prennent le lecteur pour un con. J’ai encore une flopée de bouquins de fantasy à lire avant la fin de l’année (spoil : j’aurai pas le temps) mais jusqu’ici, c’est sans doute le meilleur que j’ai lu depuis le début de l’année. Merci John, merci les ours, merci Léha.

Un certain Ours inculte a donné son avis aussi ici.

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