Mondes d’ailleurs – Trinh Xuan Thuan

Si on m’avait dit il y a vingt ans qu’un jour, je boufferai des pavés scientifiques, voire astrophysiques, jamais je ne l’aurais cru. Jamais.

Et pourtant j’en suis là. D’abord par curiosité lors de certaines nuits des étoiles, intérêt qui fut croissant en lisant des pavés de SF, puis l’achat d’un matériel d’observation couplé à une sérieuse épine dans le pied : il semblerait que le ciel chez moi soit couvert à peu près 363 jours par an. Alors, ça laisse pas mal de place à la théorie, en attendant la fin du monde, quand il n’y aura plus un pet de nuage sur Terre.
Trinh Xuan Thuan, dont vous ne me verrez jamais tenter de prononcer le nom en public, n’est pas le premier astrophysicien que je lis. Néanmoins, la lecture de son Vertige du cosmos m’avait laissé forte impression par rapport à toutes mes précédentes (y compris Hawking, oui) : un texte clair, dense certes, mais le plus compréhensible que ma pauvre personne sans aucune formation scientifique ait pu aborder. J’ai même commencé à capter des trucs à Einstein. Vraiment.

Si Vertige du cosmos passe en revue l’histoire de l’astronomie de l’antiquité à nos jours, Mondes d’ailleurs aborde la possibilité de la vie extraterrestre. Et on table large, très large sur le sujet : on refait un tour historique, depuis l’antiquité, de toutes les fois où on a cru que bon, peut-être, là-bas, y’a un truc. Un chouïa d’exoplanètes. Et puis ce qui est sans doute la partie la moins digeste à mon goût : au fait, c’est quoi la vie ? D’ailleurs, c’est arrivé comment, sur Terre ? Ça peut survivre à quoi, la vie ? Vous voulez bouffer des pages entières sur l’ADN ? Et le pire c’est qu’en vrai, c’est passionnant, et ça m’a fait réaliser comme jamais à quel point les sciences sont connectées entre elles.

Vient ensuite un petit tour dans le système solaire et les recherches qu’on y mène actuellement à grands coups de rovers et autres sondes, un tour d’horizon des programmes de détection, depuis la Terre, d’intelligences extraterrestres (entre autres, et surtout, du programme SETI), les possibilités pour nous d’aller faire des voyages à la Stargate (elles sont nulles), et on finit sur le paradoxe de Fermi.
Et oui, Roswell est évoqué. Et expédié très vite. Genre, trois pages. Quatre avec la photo si je veux être sympa.

Bref, c’est dense. Mais heureusement, j’y retrouve le talent de vulgarisateur déjà rencontré dans Vertige du cosmos donc : c’est aussi clair que possible (je ne dis pas que c’est limpide genre fingers in ze nose, entendons-nous) tout en étant terriblement exhaustif. Le genre de bouquin qui, pour ma part, demanderait plusieurs relectures pour tout assimiler pleinement (là, la PAL de l’infini s’insurge, mais c’est un autre problème). Évidemment, l’auteur a ses propres positions sur le sujet (qui sont, ma foi, pas mal optimistes) et les formule clairement. Néanmoins, elles se tiennent et ne se basent pas sur du vent et, surtout, on n’essaye pas de nous forcer à les accepter via deux ou trois tours de passe-passe. L’ouvrage se conclue donc sur l’interrogation toute simple : si nous ne sommes pas seuls, où sont-ils ? L’idée à laquelle l’auteur adhère – une sorte de club galactique qui nous observerait en attendant qu’on devienne un peu moins cons, pour résumer grossièrement – me semble moins plausible que l’idée que toute civilisation s’est effondrée avant d’atteindre un niveau technologique suffisant pour en contacter d’autres. Mais ça n’est que mon avis, et, tout comme Trinh Xuan Thuan admet qu’il lui faudra peut-être réviser sa feuille de route un jour, j’admets que, peut-être, je devrai réviser la mienne lors d’un hypothétique contact extraterrestre. Et le positivisme de l’auteur est contagieux : j’ai très envie d’y croire. Qui sait, on en reparlera peut-être un jour ici même ?

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